Ce phénomène fait référence à l’interaction synergique de divers cannabinoïdes et terpènes qui, ensemble, influencent le corps de manière surprenante. Pour comprendre sa pertinence, nous avons d’abord jeté un coup d’œil à la façon dont nous abordions la recherche sur les substances naturelles.
Les origines du cannabis et ses chémotypes
Les origines de la plante de cannabis (Cannabis sativa) proviennent d’Asie de l’Est et de là, elle s’est répandue dans le reste de l’Asie, en Europe et dans d’autres parties du monde. La plante de cannabis a été domestiquée et cultivée principalement pour ses effets psychoactifs et thérapeutiques, ainsi que pour la production de fibres et de graines (McPartland et al., 2019). La plante de cannabis s’est adaptée à diverses parties du monde et zones climatiques, s’établissant comme des variétés locales (une plante géographiquement adaptée), et celles-ci peuvent encore être trouvées comme plantes sauvages dans de nombreux pays asiatiques et dans certaines parties de l’Afrique et de l’Amérique.
Les sous-espèces de cannabis sont divisées en 3 catégories : Sativa, Indica et Ruderalis (McPartland, 2018). Cependant, en raison de la domestication et de l’hybridation, il existe des centaines de variétés de cannabis, qui sont généralement appelées souches ou souches. Chacune de ces variétés de cannabis a ses propres caractéristiques, telles que la taille et la forme de la plante, les périodes de floraison, l’odeur et le chémotype. Parmi ces caractéristiques, le chémotype est celui qui présente la plus grande variabilité et peut être comparé à une empreinte digitale de la souche (Smith et al., 2022).
Le chémotype d’une plante de cannabis est défini par les composants chimiques qu’elle contient. Les composants chimiques les plus pertinents de la plante de cannabis sont appelés cannabinoïdes, suivis des terpènes et des flavonoïdes. Les cannabinoïdes sont principalement responsables de l’effet de la variété, tandis que les terpènes et les flavonoïdes sont principalement responsables de l’odeur, du goût et de la pigmentation. En d’autres termes, chaque souche de cannabis a sa propre combinaison unique de cannabinoïdes, de terpènes et de flavonoïdes, et comme nous le verrons plus tard, cela a un impact direct sur leurs effets sur le corps humain (Russo, 2011).
L’effet d’entourage
Il est important de noter que les effets du cannabis ne sont pas seulement liés aux différents cannabinoïdes individuellement, mais que la combinaison de ceux-ci, ainsi que des différents terpènes et flavonoïdes de chaque variété, est ce qui définit l’effet final. L’effet produit par la combinaison des composants du cannabis, plutôt que des cannabinoïdes isolés séparément, est appelé l’effet d’entourage (Ben-Shabbat et al., 1998 ; Russo, 2011). Pour beaucoup (y compris l’auteur), l’effet d’entourage est pratiquement synonyme d’effet synergique, car il implique que la simple présence de l’un des composants (disons le CBD) peut altérer l’effet de l’autre (disons le THC). Pour continuer l’exemple, le CBD peut contrecarrer certains des effets subjectifs du THC. Un autre exemple serait les terpènes, qui sont capables de moduler l’effet psychoactif du THC en donnant à une souche des effets plus euphoriques ou plus détendus (Hanuš & Hod, 2020 ; Sainz-Cort et al., 2021). En fait, l’effet d’entourage expliquerait pourquoi différentes variétés de cannabis ont des effets subjectifs différents lorsqu’elles sont consommées. Comme nous l’avons expliqué, les chémotypes des différentes variétés de cannabis sont différents les uns des autres, ce qui signifie qu’il existe d’innombrables possibilités de combinaisons entre les cannabinoïdes, les terpènes et les flavonoïdes. Ceux-ci interagissent les uns avec les autres et peuvent produire un effet subjectif qui est pratiquement unique dans certaines variétés.
Et je dis bien dans certaines souches puisque l’effet d’entourage a ses nuances. L’hybridation massive des variétés de cannabis qui s’est produite au cours des 20 à 30 dernières années a donné naissance à des centaines de nouvelles souches, mais beaucoup d’entre elles se ressemblent beaucoup et ont des effets similaires. Certains effets spécifiques partagés par différentes souches pourraient être associés à des chémotypes similaires où certains composants sont prédominants. Ce serait le cas des prétendues propriétés sédatives des souches de cannabis présentant des niveaux élevés de terpène myrcène (Surendran et al., 2021).
Le cannabis médical et l’effet d’entourage
Une autre nuance importante est le type d’effet auquel nous voulons faire référence lorsque nous parlons des effets du cannabis. Jusqu’à présent, j’ai abordé les effets psychoactifs du cannabis, mais les autres effets médicinaux pourraient également dépendre de l’effet d’entourage. Cependant, étant donné la complexité du fonctionnement des composés du cannabis dans notre corps et le peu de preuves scientifiques à cet égard, il est difficile de généraliser ces effets. Il semble que pour certaines propriétés médicinales du cannabis, l’effet d’entourage pourrait être tout à fait pertinent lorsqu’il s’agit d’obtenir un effet thérapeutique, tandis que pour d’autres propriétés médicinales, il n’est pas clair.
Par exemple, il semble que la combinaison de certains cannabinoïdes et terpènes ait une réponse plus importante contre certaines cellules cancéreuses que lorsque ces composés sont utilisés séparément (Di Giacomo et al., 2021). Dans d’autres cas, un cannabinoïde isolé pourrait suffire à obtenir l’effet thérapeutique souhaité, comme l’effet antiémétique du THC (Chow et al., 2020).
De plus, tous les scientifiques ne sont pas d’accord avec l’effet d’entourage supposé du cannabis. Certains scientifiques sont assez sceptiques à l’égard de ce concept, car ils estiment que les preuves cliniques disponibles sont assez rares et de qualité douteuse, comme l’indique Cogan (2020) dans une récente revue de la littérature sur le sujet. Que nous soyons d’accord ou non sur l’existence ou non de l’effet d’entourage, il est vrai que les preuves cliniques sont rares. Et pour clarifier si l’effet d’entourage a un effet pertinent sur les propriétés médicinales du cannabis, il faudrait mener davantage d’essais cliniques de qualité.
Bibliographie et sources numériques
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Ben-Shabat, S., Fride, E., Sheskin, T., Tamiri, T., Rhee, M. H., Vogel, Z., Bisogno, T., De Petrocellis, L., Di Marzo, V., & Mechoulam, R. (1998). Un effet d’entourage : Les esters de glycérol d’acides gras endogènes inactifs améliorent l’activité des cannabinoïdes 2-arachidonoyl-glycérol. Journal européen de pharmacologie, 353(1), 23-31. https://doi.org/10.1016/s0014-2999(98)00392-6
Chow, R., Valdez, C., Chow, N., Zhang, D., Im, J., Sodhi, E. et Lock, M. (2020). Cannabinoïde oral pour la prophylaxie des nausées et vomissements induits par la chimiothérapie – une revue systématique et une méta-analyse. Soins de soutien en cancérologie : Journal officiel de l’Association multinationale des soins de soutien en cancérologie, 28(5), 2095-2103. https://doi.org/10.1007/s00520-019-05280-4
Cogan, P. S. (2020). L’« effet d’entourage » ou « méli-mélo de haschich » : le rebranding, le marketing et les attentes douteux de la polypharmacie du cannabis. Examen expert de la pharmacologie clinique, 13(8), 835-845. https://doi.org/10.1080/17512433.2020.1721281
Di Giacomo, S., Mariano, A., Gullì, M., Fraschetti, C., Vitalone, A., Filippi, A., Mannina, L., Scotto d’Abusco, A., & Di Sotto, A. (2021). Rôle des sesquiterpènes de caryophyllane dans l’effet d’entourage du phytocomplexe d’inflorescence de chanvre Felina 32 dans les cellules cancéreuses du sein MDA-MB-468 triple négatives. Molécules, 26(21), 6688. https://doi.org/10.3390/molecules26216688
Hanuš, L. O., et Hod, Y. (2020). Terpènes/terpénoïdes dans le cannabis : sont-ils importants ? Cannabis médical et cannabinoïdes, 3(1), 25-60. https://doi.org/10.1159/000509733
McPartland, J. M. (2018). La systématique du cannabis aux niveaux de la famille, du genre et de l’espèce. Recherche sur le cannabis et les cannabinoïdes, 3(1), 203-212. https://doi.org/10.1089/can.2018.0039
McPartland, J. M., Hegman, W. et Long, T. (2019). Le cannabis en Asie : Son centre d’origine et sa culture précoce, basée sur une synthèse de pollen subfossile et des études archéobotaniques. Histoire de la végétation et archéobotanique, 28(6), 691-702. https://doi.org/10.1007/s00334-019-00731-8
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Sainz-Cort, A., Jimenez-Garrido, D., Muñoz-Marron, E., Viejo-Sobera, R., Heeroma, J., & Bouso, J. C. (2021). Rôles opposés du cannabidiol et du δ-9-tétrahydrocannabinol dans les effets psychotomimétiques des extraits de cannabis : une étude contrôlée naturaliste. Journal de psychopharmacologie clinique, 41(5), 561-570. https://doi.org/10.1097/JCP.0000000000001457
Smith, C. J., Vergara, D., Keegan, B. et Jikomes, N. (2022). La diversité phytochimique du cannabis commercial aux États-Unis. PLoS ONE, 17(5). https://doi.org/10.1371/journal.pone.0267498
Surendran, S., Qassadi, F., Surendran, G., Lilley, D. et Heinrich, M. (2021). Myrcène : quels sont les avantages potentiels pour la santé de cet agent aromatisant et aromatisant ? Frontières en nutrition, 8, 699666. https://doi.org/10.3389/fnut.2021.699666
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